Les années 50 avec la Giulietta, qu’elle soit TI, sprint ou spider, marquent le début du « Italian Style » mais aussi des premières chaînes de productions robotisées. En même temps que les grands stylistes du monde automobile, c’est la grande série qui entre dans le monde d’Alfa Romeo. Mama mia, c’était au temps de la dolce vita.
La Giulietta a eu un parcours en collection comparable à celui que connaît la Giulia aujourd’hui. En 2006, la marché de la Giulietta existe, mais les prix, autour des 30000 euros pour un exemplaire irréprochable et parfaitement fiable en fait un marché d’amateurs éclairés. Certaines Giulietta, notamment des berlines, sortent encore de quelques granges perdues et sont totalement restaurées pour le bonheur de leurs nouveaux propriétaires. Le marché de l’Alfa des années 50 est devenu spécifique mais existe bel et bien. C’est un marché qui ne fréquente pas trop les petites annonces. Parfois l’on peut en trouver une en vente aux enchères mais c'est surtout entre passionnés qu’elles se vendent. Souvent membres d’un même club, les propriétaires sont forcément des gens qui se connaissent et surtout connaissent déjà le véhicule qu’ils achètent
Pour les Alfa de dernières générations, 70/80 Il y a beaucoup à en dire. Elles sont aujourd’hui à cheval entre le monde de la collection et celui de l’occasion. Nombres de problèmes comme la corrosion ou la mauvaise image de la marque avant l’arrivée de la petite Alfa 147 du groupe Fiat, font que les prix de ces derniers modèles signés Alfa Romeo sont aujourd’hui particulièrement bas. Les voitures de la fin des années 70 et du début des années 80 arrivaient en concession avec déjà des points de corrosion avancés. Le concessionnaire devait la plupart du temps retoucher la voiture avant même de la livrer au client. Le problème s’est tellement accentué avec le temps que certains modèles comme l’Alfasud ont terminé leur carrière avec un énorme enrobage de plastique permettant de minimiser visuellement les soucis liés à la corrosion (c’était dans le cahier de charges du bureau de style). En plus la mode était aux automobiles enrobées d’un large bandeau en plastique à l’image des pare-chocs, alors le groupe ne s ‘en est pas privé.
La qualité de l’acier utilisé à l’époque est souvent mise en avant par les néophytes. Certes il y a une part de vérité et tous les constructeurs de la période, même les plus grands ont été touchés par ce phénomène. Mais chez Alfa, il y avait un autre problème et il se situait dans les chaînes de montages du sud du pays. Précisément là où était fabriqué l’Alfasud. Les bains dans lesquels l’on traitait les pièces de carrosseries contre la corrosion étaient totalement inefficaces. La marque a mis longtemps à s’en rendre compte et le remède est arrivé trop tard. L’image Alfa était ternie auprès du grand public et le groupe FIAT cherchait déjà pour son groupe un nouveau logo de calandre plus prestigieux.
Le problème de la corrosion, au-dessus de la moyenne à l’époque pour une marque automobile avait fait l’objet de nombreuses réclamations de la part des concessionnaires de la marque. Chez Alfa, l’on avait conscience du problème et l’on en recherchait sérieusement les causes. Pour l’ensemble du groupe le mot d’ordre était de ne pas communiquer sur le sujet. Les finances n’étaient déjà plus au beau fixe. La raison de cette corrosion excessive a bien fini par apparaître au grand jour. Il s’agissait d’un défaut de branchement électrique de l’installation. Ce qui faisait que la réaction chimique censée protéger la carrosserie de la corrosion n’avait pas lieu. Les voitures, en l’absence de traitement et avec les aciers de bas de gamme utilisé dans l’automobile en général ont donné naissance à la célèbre légende de l’Alfa Romeo, qui fût la première voiture biodégradable de l’histoire automobile.
Seulement voilà, le Bialbero terminait sa tournée de récitals en grande série et le Boxer faisait de plus en plus d’adeptes. Nombreux à l’époque étaient les jeunes adultes qui ont attrapé le virus Alfa au chant d’un boxer et se sont mis à rêver de l’Alfasud 1.5 TI. ou du dernier récital de l’Alfa 75 et son Bialbero Voilà pourquoi il y a encore aujourd’hui une tranche d’âge qui ne jure que par les dernières Alfa, vous savez celles en plastiques comme disent les propriétaires de Giulietta des années 50.
Alors si vous croisez une GTV, une sprint ou une 75 América en superbe état et sans corrosion, n’hésitez pas, les prix sont plus qu’abordables et les quelques milliers d’euros que vous aurez investi vous les rendront au centuple en plaisir de conduite. Si vous voulez une voiture parfaite voilà la recette. Après l’achat, démontage total, traitement carrosserie puis peinture neuve, révision sérieuse du moteur et enfin remontage. Tout cela à un coût, celui de la passion. Au final vous aurez une voiture parfaite mais qui voudra bien plus cher que sa côte officielle. Je vous rassure, le prix final sera beaucoup moins élevé que le prix de revient d’une Alfa des années 50/60. Le rêve Alfa enfin réalisé.
Au sujet de la corrosion, le retraitement des derniers modèles signés Alfa des années 70/80 est quasiment indispensable si l’on veut les faire durer dans le temps. Si la voiture a été bien entretenue et qu’à l’image de certaines elle a subi un traitement anti corrosion supplémentaire (à l’époque certains concessionnaires le proposaient en option à leurs clients) le mal n’est pas irréversible. L’on sait aujourd’hui parfaitement traiter le problème de la corrosion et même protéger les soudures d’époques, qui elles ne l’étaient jamais quelle que soit la marque.
Ces voitures sont, selon mon humble avis, les collectors de demain. Mais dans vingt ans, combien en restera t’il en parfait état de marche ? Si rien ne change, probablement moins que les quelques 70.000 Bertone vendus en France.